Quand les Couleurs Révèlent l’Histoire
Les chevaliers du Moyen Âge ne se distinguaient pas seulement par leur bravoure et leur maniement des armes, mais aussi par leurs blasons, véritables reflets de leur lignée, de leur gloire et de leurs valeurs. Ces armoiries n’étaient pas de simples ornements : elles étaient des messages codés, porteurs de symboles mystiques et héraldiques. Plongeons dans l’histoire de quelques-uns des chevaliers les plus célèbres et décryptons la signification de leurs blasons.
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1. Richard Cœur de Lion (1157-1199) : Le Lion Rampant

« Dieu et mon Droit. » – Devise attribuée à Richard Cœur de Lion.
Richard Ier d’Angleterre, dit Cœur de Lion (1157-1199), était un roi de la dynastie des Plantagenêt, célèbre pour son courage et sa participation à la Troisième Croisade. Bien qu’il ait régné de 1189 à 1199, il passa peu de temps en Angleterre, privilégiant les campagnes militaires en Terre sainte et en France.
Son blason, d’abord un « lion passant », évolua vers les trois lions passant gardant d’or sur fond rouge (« Gules, three lions passant guardant in pale or ») en 1198, devenant l’emblème de l’Angleterre. Ce symbole, incarnant force et royauté, est encore aujourd’hui associé à la monarchie britannique.
En héraldique, les lions sont représentés selon différentes postures qui influencent leur symbolique :
- Lion rampant 🦁 : Dressé sur ses pattes arrière, avec les griffes levées, il symbolise la bravoure et la combativité. C’est la position souvent associée aux blasons écossais et bourguignons.
- Lion passant 🦁 : Marchant de profil, une patte avant levée, tête tournée dans le même sens que le corps. Il évoque la noblesse et la vigilance.
- Lion passant gardant 🦁 : Même posture marchante, mais avec la tête tournée de face vers l’observateur. C’est cette version qu’a adoptée Richard Ier avec ses trois lions passant gardant d’or sur fond rouge, devenus l’emblème du royaume d’Angleterre.
Chaque posture a une signification particulière, reflétant les valeurs de la lignée ou du territoire qu’elle représente.

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Les Histoires d’Outremer

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2. Godefroy de Bouillon (1060-1100) : Le Protecteur de Jérusalem

« Un roi ne porte pas de couronne d’or là où le Christ porta une couronne d’épines. » – Godefroy de Bouillon
Godefroy de Bouillon, chef de la première croisade et premier souverain chrétien de Jérusalem, arborait un blason à la fois sobre et puissant : une grande croix potencée d’or sur fond d’argent, accompagnée de quatre croisettes. Ce motif, connu sous le nom de croix de Jérusalem, symbolisait la protection divine ainsi que l’universalité de la foi chrétienne. L’association de l’or et de l’argent, peu fréquente en héraldique, conférait à ces armoiries une dimension sacrée. Devenu l’emblème du royaume de Jérusalem, ce blason reste aujourd’hui l’un des plus emblématiques du Moyen Âge.


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3. Guillaume le Maréchal (1147-1219) : Le Parfait Chevalier

« Sans doute le plus grand chevalier qui ait jamais vécu. » – Matthew Paris
Guillaume le Maréchal (vers 1147-1219), l’un des plus grands chevaliers du Moyen Âge, portait un blason à l’image de sa renommée et de son engagement chevaleresque. Son écu, parti d’or et de sinople, un lion de gueules brochant sur le tout, symbolisait à la fois la noblesse, le courage et la puissance. L’or évoquait la grandeur et l’honneur, tandis que le sinople, couleur de l’espérance et de la loyauté, reflétait sa fidélité indéfectible aux rois Plantagenêt qu’il servit. Quant au lion rouge, il affirmait sa force et son autorité, des qualités qui lui permirent de s’imposer sur les champs de bataille comme dans les sphères du pouvoir. Défenseur du royaume et artisan de la Magna Carta, Guillaume le Maréchal incarne l’idéal du chevalier médiéval, et son blason demeure le reflet de son héritage exceptionnel.


Pour en savoir plus
L’Histoire de Guillaume le Maréchal « meilleur chevalier au monde » est une biographie en vers rédigée en anglo-normand peu après la mort du chevalier, à la demande de son fils. Composée de 19 214 vers en couplets octosyllabiques, elle repose sur le témoignage de son écuyer John d’Earley et constitue une source précieuse sur les règnes de Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre. Ce texte du XIIIe siècle n’existe aujourd’hui qu’à travers un unique manuscrit, autrefois conservé dans la collection de Sir Thomas Phillipps et désormais à la Pierpont Morgan Library de New York sous la cote M888. La première édition moderne a été publiée entre 1891 et 1901 par Paul Meyer en trois volumes.
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4. Bertrand du Guesclin (1320-1380) : Le Loup Noir de France

« Un Breton ne s’avoue jamais vaincu. » – Bertrand du Guesclin
Bertrand du Guesclin (vers 1320-1380), l’un des plus célèbres capitaines français de la guerre de Cent Ans, est reconnu pour son rôle déterminant dans la reconquête du royaume face aux Anglais. Issu d’une petite noblesse bretonne, il s’illustre par son habileté stratégique et son esprit combatif, devenant connétable de France sous Charles V.
Son blason, d’argent à l’aigle bicéphale de sable, becquée, membrée et lampassée de gueules, à la bande de gueules brochant sur le tout, témoigne de son prestige et de son attachement au service du roi. L’aigle bicéphale, symbole impérial, reflète son autorité et son ascension au sommet de la hiérarchie militaire, tandis que la bande rouge évoque la bravoure et le combat. Ce blason rappelle la place éminente de du Guesclin dans l’histoire militaire de la France médiévale.



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5. Jeanne d’Arc (1412-1431) : L’Envoyée de Dieu

« Je ne crains qu’un seul seigneur : Dieu. » – Jeanne d’Arc
Si Jeanne d’Arc n’était pas une chevaleresse au sens féodal du terme, son étendard et ses armoiries restent emblématiques. Elle portait une bannière blanche ornée de la fleur de lys dorée et des mots « Jhesus Maria », affirmant ainsi sa mission divine. La fleur de lys, symbole de la royauté française, illustrait sa fidélité à Charles VII et à la France.

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L’Héritage des Blasons Chevaleresques
Les blasons chevaleresques ne sont pas de simples ornements héraldiques ; ils sont l’expression d’une identité, d’une lignée et d’un engagement au service d’un suzerain ou d’une cause. Chaque couleur, chaque figure et chaque disposition portent une signification qui raconte l’histoire du chevalier qui les arbore. Qu’il s’agisse du lion de gueules de Guillaume le Maréchal, symbole de puissance et de loyauté, ou de l’aigle bicéphale de Bertrand du Guesclin, reflet de son ascension militaire, ces armoiries sont des marqueurs de prestige et de reconnaissance. À travers les champs de bataille et les siècles, les blasons sont devenus des témoins visuels du courage et des valeurs chevaleresques, perpétuant ainsi l’héritage des grandes figures médiévales dans l’imaginaire collectif.
Apparues sur les champs de bataille et dans les tournois au cours du XIIᵉ siècle, les armoiries étaient à l’origine personnelles et réservées aux combattants. Leur usage s’est rapidement étendu aux femmes, aux ecclésiastiques, aux citadins, aux artisans, et même, dans certaines régions, aux paysans. Par la suite, les collectivités et les personnes morales s’en sont également dotées : villes, corporations, communautés religieuses, institutions et administrations diverses. À la fin du Moyen Âge, l’ensemble de la société européenne utilise les armoiries, qui servent à la fois de signes d’identité, de marques de possession et d’éléments décoratifs.
À partir du XIVᵉ siècle, une nouvelle forme d’emblématique voit le jour avec l’apparition des badges et des devises, des formules identitaires ornant livres et vêtements. S’ensuit la mode des initiales, des chiffres et des monogrammes, marquant une véritable exubérance héraldique et emblématique qui atteint son apogée au XVᵉ siècle, notamment à la cour de Bourgogne.
Armorial de l’Europe et de la Toison d’or numérisé






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